Une approche transversale du genre dans les médias #çapresse
Genre

Une approche transversale du genre dans les médias #çapresse

« C’est un crime passionnel »

« Il était trop amoureux »

« Thèse d’un amour non partagé privilégiée » [La Presse]

Cette semaine[1], je courais pour ne pas rater mon bus… Et puis soudain, un policier m’arrête, il était avec 5 jeunes filles, avec une immense affiche sur la violence basée sur le genre :

Le policier : Bonjour Madame, nous faisons une campagne contre la violence envers les femmes.
Moi : Je vois. C’est très important en effet.
Le policier : Oui madame, notre slogan est « Rien ni personne ne peut faire mal à une femme, seulement ses talons hauts ».
Moi : …!&! »?&/*

Et bon soyons honnêtes. J’étais découragée, je ne savais pas trop si rire ou pleurer. Alors je lui ai dit que j’étais très intéressée à l’aider pour voir si on pouvait améliorer son slogan. #espéronsquillechangera

Le policier sait ce qui se passe dans sa ville : des femmes sont assassinées par leurs conjoints, d’autres brûlées à l’acide et d’autres souffrent de violence du genre tous les jours dans la famille ou au travail. Le policier, il faisait ce qu’il pouvait avec les connaissances qu’il avait. C’est justement ça le problème. C’est un sujet trop important pour le laisser aux jeux du hasard.

Et puis j’arrive chez moi, ma meilleure amie me dit qu’elle est sous le choc : « à son Maxi, tsé son Maxi où elle va toujours à Montréal, bah un homme a poignardé à mort une jeune femme de 19 ans ». On dirait que l’horreur n’est pas seulement colombienne.

Est-ce qu’on refuse de voir la vérité en face? Ou bien c’est un manque flagrant de créativité pour dénoncer les injustices et la violence de la part des journalistes/spécialistes en communication? Le fait est que comme société, et surtout en relation avec la responsabilité éthique des journalistes, nous devons repenser la manière de « présenter » les nouvelles tragiques à la population afin de ne pas perpétuer les systèmes basés sur la misogynie.  Communément, la misogynie est comprise comme la haine envers la femme, mais c’est un concept tout à fait complexe et difficile de définir d’une seule manière, car dans chaque société, la misogynie se manifeste de façon différente. Pour moi, la misogynie est un système complexe, politique, social et culturel, qui perpétue les hauts niveaux de violence contre la femme dans la plupart des sociétés actuelles. Un jour, une très bonne amie m’a dit : « j’ai déjà lu quelque part que la misogynie était la peur ou la haine envers l’origine » (Tania Meneses). Je suis d’accord : on a encore cette peur qui émane de tout ce qui entre en relation avec la procréation, et la femme en est le symbole le plus fort, celui qu’on veut dominer.

Et donc. Appelons les crimes par leur nom : fémicide, le meurtre d’une femme pour le simple fait de sa condition, être une femme. Un problème dérivé du patriarcat et de ses conséquences dramatiques sur la possession de « l’autre » dans une relation, plus souvent qu’autrement la conceptualisation de la femme comme un objet malléable. Et l’absurdité de penser qu’un « amour non partagé » peut être l’unique déclencheur de meurtres aussi sordides : la plupart des femmes qui sont assassinées para leur partenaire ont fait face à des problèmes majeurs dans leur relation comme la violence conjugale, le contrôle possessif de leurs réseaux sociaux, etc.

Columna 4

Fuente: CEPAL http://www.cepal.org/es/infografias/femicidio

Et malheureusement, le problème est mondial. On se cache derrière des déclarations journalistiques qui semblent tout droit sorties de Top Model, en excusant presque les agresseurs pour l’avoir fait par « passion »… Nous avons besoin, et c’est très urgent, d’une approche transversale du genre dans les médias sociaux et les grandes firmes de communication. Ça presse.


[1] Entrée de blog intialement publiée sur le site web de la Corporación Descontamina, qui n’est plus disponible.

 

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